Page:Manifeste du Club national démocratique, 1849.djvu/18

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l’arbitrage suprême et sans appel de la couronne, s’était brisé à jamais dans les séances tumultueuses des États-Généraux. Le peuple admis par ses mandataires dans le sein du gouvernement, s’était fait bien vite à l’habitude de régler les lois qui devaient le gouverner ; il s’était fait à l’habitude d’examiner avec curiosité l’emploi que l’on voulait faire des impôts dont il était chargé ; il s’était aussi habitué à peser dans sa balance les privilèges royaux, et rompu bientôt à cet exercice de ses droits, il ne voulut plus les abandonner. C’est là en effet ce qui donne tant de force et d’avenir aux conquêtes de la Démocratie. Le peuple réunit ces conquêtes à son domaine, et alors, une fois déposés dans les masses, des droits qui semblaient devoir être éphémères acquièrent un perpétuel lendemain, en s’incrustant en quelque sorte dans la pensée et la volonté générale de la société.

Or, le système des monarchies constitutionnelles ne pouvait pas fournir une longue carrière parce qu’une royauté inquiète s’était refusée à le régler sur le pas immense que le peuple avait fait en 1789 dans la voie des réformes. Aussi dès le premier contact du nouveau système avec le peuple, on pût prévoir que ce simple choc avait déjà usé la monarchie constitutionnelle. Cette forme de gouvernement renfermait en effet deux grands défauts. Le premier était d’avoir laissé trop d’élasticité à la prérogative d’une couronne qui ne cherchait qu’à reconquérir lentement des privilèges dont