Page:Manifeste du Club national démocratique, 1849.djvu/20

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politiques, en vertu de la valeur de sa propriété et de la pesanteur de sa cassette. Or la monarchie constitutionnelle, appuyée sur des bases aussi vicieuses ouvrait en outre un vaste champ aux intrigues de la couronne, laquelle en usa largement pour s’attacher la bourgeoisie, et pour écarter le peuple des affaires publiques. Elle renfermait donc en elle-même un germe de dépérissement que les évènemens et l’ardent travail des républicains, parvinrent à mûrir promptement. Le peuple français, sapeur naturel des nations européennes dans la voie des réformes démocratiques, donna bientôt un rude coup à la monarchie constitutionnelle en arrachant Charles X du trône de ses pères ; puis après un nouvel essai du gouvernement tempéré, à l’ombre de la Charte de 1830, il s’est encore lassé de cette demi-liberté politique, et la chute du roi-citoyen est venu clore la liste de tous les potentats par droit divin ou de conquête.

Tous les pays éclairés de l’Europe se précipitent aujourd’hui sur les traces battues par la France.

Du Tage à la Vistule, et du Cap Nord au Cap Corse, la grande pensée qui plane sur notre siècle a fait battre les artères des opprimés de ce monde, et fait peser une lourde inquiétude sur les crânes couronnés. L’Émancipation sociale, spectre-géant penché sur les nuits de ces hommes-rois, a dû leur crier la haine des nations au souvenir des persécutions et des massacres accomplis par leurs nobles ancêtres, et