Page:Manifeste du Club national démocratique, 1849.djvu/8

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ple dans la fange délétère des institutions du moyen-âge : touchez donc du doigt les mondes qui séparent cette époque de la nôtre, et ensuite dites-nous si ce bon vieux temps est encore possible.

En effet, alors que les nations étaient coulées dans le moule du régime féodal ; alors qu’un roi pouvait dire impunément : « l’État c’est moi ; » alors que le noble destrier du gendarme, ou l’éperon du chevalier, comptaient comme une partie beaucoup plus intéressante de la société, que la personne du vilain ou du serf, nous comprenons l’essence d’un pouvoir monarchique dans toute sa beauté, dans toute sa justice.

Mais aujourd’hui, menuailles et vilains sont disparus aussi bien que preux chevaliers ; les peuples se sont mis à mesurer les distances inviolables, disait-on, qui séparaient le trône du roi de la chaise du peuple, et alors celui-ci s’est enfin aperçu qu’il n’y avait entre les deux pouvoirs que des abîmes de mirage, que des distances de panoramas ! Vous le savez, le peuple n’a plus qu’à tendre la main, et des couronnes sur lesquelles dix siècles s’étaient usés se sont trouvées en poudre dans 24 heures. Dès lors, ces hommes là sont aveugles, qui, niant cette œuvre de leur siècle, s’efforcent de transporter au sommet de la montagne les institutions surannées des lustres écoulés, comme s’ils pouvaient limiter le déluge intellectuel de la démocratie, comme s’ils avaient mesuré la hauteur où le flot doit s’arrêter.