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MANUEL D’ÉPICTÈTE.

IV. De là vient qu’un fils accable son père de reproches lorsque ce dernier ne partage pas avec lui ce qu’il prend pour des biens. De même, ce qui rendit ennemis Polynice et Étéocle, ce fut de croire que la tyrannie est un bien[1]. C’est encore pour cette raison, que le laboureur accable de reproches les dieux[2], et de même le matelot, et de même le marchand, et de même ceux qui ont perdu leurs femmes et leurs enfants. Car là où est l’utilité, là seulement est la piété[3]. Aussi, quiconque observe de ne désirer et de n’éviter que ce qu’il convient, observe par là même la piété.

V. Il faut toujours faire les libations, les sacrifices et les offrandes selon les rites de son pays, avec pureté, sans retard et sans négligence, sans parcimonie et sans prodigalité[4].


XXXII

comment il faut consulter les oracles.


I. Quand tu vas consulter l’art des devins, songes-y bien, tu ne sais sans doute pas ce qui doit arriver, et tu vas auprès du devin pour l’apprendre ; mais tu sais

  1. Le fils qui accable son père de reproches, c’est l’homme blasphémant Dieu ; Polynice et Étéocle, ce sont les hommes qui, tous frères, sont trop souvent des frères ennemis. — Épictète revient plus d’une fois sur cette comparaison des frères ennemis. (V. les Éclaircissements.)
  2. Sans doute quand la moisson n’est pas bonne.
  3. C’est-à-dire : — là où l’homme ne trouve pas ce qui lui est utile, il n’a pas lieu d’en être reconnaissant ; or, là où n’est pas la reconnaissance, la piété ne peut pas être. — Épictète est bien loin de vouloir dire qu’on n’est pieux que par intérêt.
  4. Cf. les Mémorables, IV, iii. « Ce qui m’afflige, Socrate, c’est que je ne vois personne rendre à la divinité assez de grâces de ses bienfaits. — Ne vous tourmentez pas de cela, Euthydème. Vous savez la réponse de l’oracle de Delphes a ceux qui l’in-