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MANUEL D’ÉPICTÈTE.

XIV. Dans la conversation, abstiens-toi de rappeler sans cesse et sans mesure tes exploits et les périls que tu as courus ; car, si tu prends plaisir à les raconter, les autres n’en trouvent point à les entendre.

XV. Ne cherche point à faire rire : le pas est glissant, et tu tomberais dans les mœurs du vulgaire en même temps que tu perdrais le respect de tes amis.

XVI. Il est dangereux aussi de se laisser aller à des propos obscènes. Quand tu assistes par hasard à de tels propos, blâme vigoureusement celui qui les tient, si l’occasion est opportune ; sinon, par ton silence, par ta rougeur, par la sévérité de ton visage, montre que tu t’indignes de tels discours.


XXXIV

comment on peut lutter contre le plaisir.


Si l’image de quelque volupté se présente, veille sur toi, comme tu fais pour toutes les autres images, et ne te laisse pas emporter par elle ; mais que la chose t’attende, et obtiens de toi-même quelque délai[1]. Ensuite compare les deux moments, l’un où tu jouiras de la volupté, l’autre où, après en avoir joui, tu te repentiras et te feras à toi-même des reproches ; puis oppose-leur la joie que tu éprouveras si tu t’abstiens, et les louanges que tu te donneras à toi-même. Te semble-t-il opportun d’entreprendre l’action ? prends garde de te laisser vaincre par ses charmes et ses plaisirs et ses séductions ; mais oppose-leur une chose qui vaut mieux : la conscience d’avoir soi-même vaincu dans ce combat.

    faite, il faut la faire, et alors en accepter avec résignation toutes les conséquences.

  1. Ce n’est pas nous qui devons attendre les choses, ce sont les choses qui doivent en quelque sorte attendre notre volonté.