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MANUEL D’ÉPICTÈTE.

XXXV

pourquoi craindre d’être vu en agissant ?


Lorsque, sachant bien que tu dois faire une chose, tu la fais, n’évite jamais d’être vu en la faisant, même si le vulgaire doit en penser du mal. Car si tu as tort d’agir ainsi, fuis l’action même ; et si tu n’as pas tort, pourquoi crains-tu ceux qui te blâmeront à tort[1] ?


XXXVI

il faut séparer dans notre conduite le corps de l’ame comme la nuit du jour.


Ces propositions, « Il est jour, » « Il est nuit, » ont une grande valeur si on les énonce séparément, et, si on les joint ensemble, n’en ont plus ; de même, prendre pour soi la meilleure part, c’est chose excellente par rapport au corps ; mais, si l’on considère les devoirs de sociabilité, qu’on doit observer dans un banquet, c’est chose indigne[2]. Lors donc que tu dîneras avec quelqu’un, souviens-toi de ne pas seulement regarder la qualité des mets pour le corps, mais encore de conserver le respect à l’égard du maître du banquet.

  1. Il n’y a rien à répondre à ce raisonnement.
  2. Le jour représente pour Épictète l’âme humaine ; la nuit, le corps. Dire : telle chose est utile à l’âme, c’est comme si l’on disait : à tel moment il fait jour. La proposition peut se soutenir. Dire : telle chose est utile au corps, c’est comme si l’on, disait : à tel moment il fait nuit. La proposition peut encore se soutenir. Mais si on dit : Quand il fait nuit, il fait jour ; ou