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manuel d’épictète

tu ne voudras pas être général, ou préfet, ou consul, mais libre ; or, une seule voie y mène : le mépris de ce qui ne dépend pas de nous.


XX

nul outrage ne peut nous venir d’autrui, mais de nous mêmes.


Rappelle-toi que ce n’est point celui qui t’injurie ou te frappe qui t’outrage ; mais c’est l’opinion que tu as d’eux, qu’ils t’outragent. Quelqu’un t’a irrité : sache que c’est ton opinion sur lui qui t’irrite. Efforce-toi donc, avant tout, de ne point te laisser emporter par ton imagination ; car, si une première fois tu gagnes du temps et un délai, il te sera plus facile ensuite de te maîtriser toi-même.


XXI

ce que nous devons avoir sans cesse devant les yeux.


Que la mort, et l’exil, et toutes les choses qui semblent terribles soient chaque jour devant tes yeux, surtout la mort ; et jamais tu ne penseras rien de bas, jamais tu ne désireras rien avec excès[1].

    d’une pauvreté : celui-là n’envie rien, qui est riche de tous les biens ; or, si les seuls vrais biens résident dans notre volonté, chacun de nous peut les posséder : il n’a qu’à vouloir. Par la volonté, tous, riches et pauvres, grands et petits, sont donc égaux : la richesse morale, suivant la parole de Sénèque, se partage sans se diviser : « elle est toute à chacun et toute à tous. »

  1. Pascal cite cette pensée dans l’Entretien avec de Saci. Il la comprend sans doute à la manière chrétienne, comme si Épictète avait