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XXX.


qu'après la connaissance parfaite du métier, et qu'il faut conséquemment, être bon ouvrier avant d'être artiste.

Pour appuyer les diverses remarques que nous venons de faire en résumant les qualités nécessaire à l'art de la tapisserie, tant sous le rapport de la traduction du dessin, de la couleur que sous celui de la fabrication par des moyens, d'ensemble, homogènes, nous en ferons une derniere, mais prise en dehors de la tapisserie. Supposons par exemple qu'on voulut avoir, en peinture, une copie de Rubens ! et qu'on choisit à cet effet cinq peintres appartenant à différentes écoles possédant chacune des capacités diverses et que parmi eux il s'en trouve même qui s'appartinssent à aucune école, de ces hommes enfin, qui n'acquièrent le titre de peintre qu'à force d'avoir barboté, et frotté de la couleur pour arriver par hasard, à en faire de médiocre. Eh bien pense t'on qu'en assignant à chacun la partie qu'il doit faire, en arrivant à avoir une bonne copie? que l'aspect de dessin, de couleur, y présente un ensemble satisfaisant quoi que nous ne parlons peinture que par instinct nous n'hésiterions pas à répondre non mille fois non quand-même il se rencontrerait parmi les cinq peintres trois coloristes connaissant à fond les grands principes du métier ; ces trois artistes pourraient, il est vrai, s'entendre parfaitement et ne faire qu'un : mais les deux routiniers ne pourraient jamais les comprendre, il leur faudrait une palette autrement chargée des hachures-franches dans les traductions de l'école de Raphaël