Page:Marais - La Carriere amoureuse.djvu/81

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quand j’étais petite, et que papa m’emmenait avec lui, durant sa chasse aux vieux livres !…

Machinalement, en ressouvenir des heures de jadis, je m’approche d’une boîte remplie de livres déchirés. Je feuillette les vieux bouquins, les reliures tabac, les images pointillées de tâches jaunâtres… Et puis tout un stock d’ouvrages modernes, débrochés, abîmés… Tout à coup… Oh ! son nom me poursuivra-t-il donc éternellement ? Sur un volume à couverture bleu sombre, le voici qui s’étale en lettres d’or : Jean Claudières. Je devais retrouver ici un de ses romans : le Fil d’Ariane. 95 centimes au lieu de 3 francs, annonce l’étiquette.

Je tourne quelques pages au hasard… Suprême ironie : la première ligne qui tombe sous mes yeux semble l’épigraphe amère de ce que sera désormais mon existence dévoyée…

Et je lis à mi-voix cette phrase, qui sonne comme un dernier sarcasme de Jean :

« La lâcheté humaine, c’est le secret de vivre. »