Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/108

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Ensuite, c’était une manière d’échapper à ce métier de cabotine dont le mensonge me rebutait. Je crus rencontrer celui que je souhaitais… Chaque printemps, durant deux mois, j’étais poursuivie par les assiduités d’un spectateur empressé qui venait tous les jours au théâtre, m’accablant de fleurs et de bonbons. C’était un provincial de bonne apparence qui passait à Paris ces quelques semaines de loisirs. Personne ne le connaissait. Nous l’appelions le Monsieur de Bordeaux, parce qu’il nous avait dit habiter cette ville. Un soir, il fit remettre sa carte à ma mère : Lucien Pascal, et nous invita toutes deux à souper. Il était instruit, intelligent et bien élevé. Il nous apprit qu’il possédait et dirigeait un grand hôtel de Bordeaux dont le rapport était excellent ; et, dans la conversation, se déclara célibataire. Bref, mon impression fut favorable. Je le devinais suffisamment épris pour devenir tout à fait amoureux. Vous imaginez la suite, n’est-ce pas ?… Je jouai les coquettes, mieux que sur le plateau. Et, à la première privauté que risqua M. Pascal, je lui exposai nettement