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Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/115

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Lily l’enveloppa d’un regard acéré. Le jeune homme ajouta naïvement :

— Et pourtant, ça me fait plaisir que vous ayez un mari indigne de vous : ainsi je suis sûr que vous ne pouvez pas l’aimer.

— Égoïste !

— C’est vrai ; je ne songe qu’à ma jalousie.

— Est-il permis d’être jaloux quand on a votre âge, et vos yeux !

Elle contemplait Camille avec cette joie particulière des natures artistes que la Beauté — sous quelque forme qu’elle se manifeste — émeut d’une allégresse physique très pure et d’une espèce de sensualité cérébrale.

La finesse des traits de Camille était un poème pour le regard ; la couleur de ses iris avait un charme infini ; et sa jeune tête se profilait aussi nettement qu’une médaille grecque sur le fond azuré de ce ciel limpide d’un bleu de ciel attique.

Camille supportait gauchement l’examen. Comme la perfection du visage est fort rare chez l’homme, celui qui la possède se sent toujours affreusement gêné (lorsqu’il a de l’es-