Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/169

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entendu le bruit imperceptible d’un trottinement dans le corridor. Et Lily poussa un cri de stupeur :

— Comment !… C’est vous ? Vous !

Elle entrait prestement ; et s’enfermait au verrou.

Puis ouvrant démesurément ses grands yeux, elle questionnait, abasourdie :

— Mon pauvre Camille !… Qu’est-ce que vous faites ici ?

Camille la regardait avec une telle joie, qu’il en oubliait de répondre.

L’absence de l’image chère est la plus dure privation des amants séparés : on se rappelle aisément le son d’une voix, la tendresse et l’esprit d’une âme, le goût d’un baiser — malgré l’éloignement. Mais notre mémoire visuelle est souvent rebelle ; et, lorsque nous cherchons à évoquer la forme de notre amour, nous constatons avec étonnement que déjà certains traits, certains détails, se sont estompés, brouillés, perdus ; et nous ne parvenons à reconstituer qu’un ensemble imparfait.