Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/198

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la fortune ne répond pas au milieu, à la naissance, à l’éducation ; bref, une multitude de créatures sont vouées à la solitude. Certaines s’en accommodent aisément ; mais, croyez-moi, celles-là sont rares… La frigidité étant une conséquence de notre maladresse, vous la rencontrerez plutôt chez les épouses monogames : la vierge non désenchantée est une voluptueuse. En général, les femmes célibataires n’excitent guère votre pitié, vous inspirant trop de quolibets par leurs ridicules ; n’avez-vous donc jamais cherché — dans ces excentricités de costume et de langage, ces manies burlesques, ces phobies violentes ou mélancoliques, qui caractérisent les vieilles filles — l’indice d’un détraquement progressif de l’être déséquilibré, d’une disposition hypocondriaque, d’une irritation du système nerveux, résultant de leur existence anormale ? Vous ne vous êtes point avisés de faire cette remarque, parce que ces demoiselles affectent ostensiblement une grande satisfaction du sort auquel elles sont condamnées. Elles ne semblent pas souffrir de vivre isolées, dites-