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Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/23

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De la corniche, on dominait tous les toits de Montfleuri qui s’échelonnaient, inégaux et pointus ; à l’est, un cap, barrant l’horizon, avançait sur l’eau sa languette de terre rougeâtre ; à l’ouest, la côte déroulait ses collines dentelées, envahies par une végétation voluptueuse et sauvage, palmiers, lentisques, agaves ; flore d’Orient, fleurs d’Afrique qui embaumaient l’atmosphère surchauffée d’une vapeur odorante. Au centre, un golfe d’azur liquide, moiré de lumière, miroitait sous le soleil.

Camille souhaitait passionnément engager une conversation avec sa voisine, sans parvenir à trouver l’entrée en matière qui le délivrerait de cette attitude grotesque. Il avait déjà hésité entre deux ou trois réflexions sur la température, rejetées pour d’autres du même goût qu’il n’osait pas plus énoncer ; son esprit était fertile ; mais, à cet instant, l’élocution lui faisait défaut… Le son de sa propre voix l’eût effrayé. Et sa pusillanimité, en guise d’excuse, affectait le dédain des vaines banalités.