Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/25

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— C’est un excellent bâtiment… Il transporte des passagers de Montfleuri à l’île Rousse… On peut luncher à bord : la cuisine est bonne… Et c’est une excursion agréable… Connaissez-vous la Corse, Madame ?

La jeune femme retroussa le coin de sa lèvre, dans un rictus narquois ; un regard moqueur s’arrêta hardiment sur le visage de Camille. Elle questionna, impertinente :

— Vous êtes l’agent de la Compagnie maritime ?

— Non, non, balbutia Camille, désarçonné.

Il déplorait sa niaiserie. Intérieurement, il formulait une foule de galanteries ingénieuses, de subtilités amoureuses, de choses délicieusement tournées… et sa bouche prononçait des phrases ineptes ou banales. Il croyait subir le sortilège de la princesse enchantée qui vomissait des reptiles gluants dès qu’elle voulait dire une parole.

L’inconnue eut pitié de Camille ; ses yeux étaient d’un bleu si profond ; sa tête s’érigeait si gracieusement au-dessus de l’enco-