Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/35

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de peau et de cheveux, le type espagnol ; ayant l’air d’anciennes cigarières qu’on aurait roulées dans du jus de tabac — Maria épiait Mlle Anaïs qui, gourmande, ne cessait de ronger des gaufrettes avec une contraction des lèvres accusant sa mauvaise dentition ; et la femme de chambre pensait :

— Mlle Anaïs ressemble à un lapin qui happe des feuilles de laitue.

En face de Mme Laurenzi, la femme du commissaire central, Maria stationnait complaisamment, gagnée par le charme de cette blonde frêle. Petite, mignonne, un peu maigrelette, Jacqueline Laurenzi avait la joliesse délicate, la grâce mièvre d’une poupée de Saxe. Elle était attirante et agaçante à la manière de ces bibelots légers qu’on grille de prendre dans ses mains en redoutant de les casser.

Puis, Maria tendait sa corbeille à Mlle Rose Véran, la fille du chef de gare. Coiffée d’une toison rutilante où se jouaient des lueurs de métal rouge et des reflets de cuivre sombre, Rose avait une beauté fraîche et brillante,