Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/63

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familiarisent vite, malgré elles, avec l’homme qu’elles commencent à aimer.

Camille s’écria, son irritation et son plaisir le mettant en verve :

— Vous qui êtes Parisienne, Madame, vous ne pouvez vous imaginer ce que recèlent nos fortifications provinciales… Tenez… Représentez-vous Montfleuri sous la forme d’une volière. On y trouve toutes les espèces d’oiseaux stupides. D’abord, à la première place (j’excepte mon père, par respect filial) il y a, perchés sur les plus hauts bâtons, des kakatoès empanachés, des aras majestueux : les grands fonctionnaires de la ville… Puis, des perruches jacassantes, dont le bec crochu dépiaute les réputations à la façon d’une branche de mouron, tandis que de vieilles chouettes les approuvent gravement de la tête : et ce sont les dames vénérables de la cité… On y voit des pigeons qui se dandinent vaniteusement avec une élégance de jeunes commis, et des petites serines chlorotiques qui sont les jeunes filles bien élevées… Tout ce monde babillard, pétulant, indiscret