Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/99

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le décor où vivait ce jeune sphinx, on venait lui cracher la réalité abjecte.

Oui, Lily lui semblait une conquête moins flatteuse, mais plus désirable… Ce qu’elle perdait en prestige, elle le regagnait en séduction. Camille se souvenait, avec un frisson, du flux malsain qui avait fait battre ses artères, quand Mlle Rose Véran — s’autorisant de ses vingt-sept ans et de son indépendance de fille artiste — lui avait soufflé à l’oreille l’histoire des trois vieilles demoiselles et de la Maison Pascal, pour se délecter à voir rougir ce joli garçon réservé.

Camille, révolté, s’était laissé d’abord envahir par l’âpre mélancolie des désenchantements ; puis, la sourde envie d’un plaisir inédit, défendu, l’avait mordu traîtreusement, d’une tentation insidieuse.

Ce clair jeudi de mai, il allait au rendez-vous de Lily, non plus vibrant de la fièvre amoureuse et pure de la vingtième année — mais cédant à l’attraction inavouable qui pousse les jeunes coquebins vers le mirage d’une corruption.