Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/100

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dans ce grave visage aux grands yeux clairs, ces yeux incisifs et rêveurs du penseur qui, tout à la fois, observe et songe. En ce moment, une expression de mélancolie ennoblissait encore cette jeune et sérieuse figure sans ride qu’auréolait la neige des précoces cheveux blancs. La physionomie du docteur Warton s’avérait pleine de droiture et de noblesse.

Laurence, indécise, n’osait le juger.

— Au revoir, madame… pas d’émotions, surtout… ne parlez pas… reposez-vous… il faut dormir un peu…

Le chirurgien prenait congé de la malade.

Silencieuse, Laurence le précédait dans l’antichambre, prête à lui ouvrir la porte. Doucement, mais fermement, Jack la saisit par le bras et se dirigea vers le salon.

Les voilà en tête à tête, les portes fermées, assis côte à côte sur le canapé. Laurence, étranglée d’émotion, discerne soudain la puissance de son amour ignoré ; c’est en elle un écroule-