Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/144

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que celui de Laurence, à l’idée de se retrouver face à face… Bessie se sentit pâlir.

Le chirurgien murmura d’un ton embarrassé :

— Je ne vois pas la nécessité de me déranger pour soigner miss d’Hersac… Il y a des médecins à Paris.

Miss Arnott insista :

— Vous vous dérangiez bien pour aller voir sa mère ?

Warton répondit, toujours gêné :

— Ce n’était pas la même chose… La situation était critique…

Bessie retorqua :

— Elle l’est encore… Miss Laurence se néglige et change à vue d’œil ; elle a maigri, jauni, enlaidi…

Jack chuchota, comme pour lui-même :

— Elle ne peut pas devenir laide.

Miss Arnott soupira profondément ; puis, tendant son énergie :

— Jack !… Soyez complaisant. Miss d’Hersac sera si déçue : elle m’a priée de vous appeler auprès d’elle…

— Oh ! ce n’est pas possible ! s’exclama étourdiment Warton.

Sa phrase frappa Bessie comme le coup attendu : son piège avait trop bien pris l’adversaire.

Elle s’écria douloureusement :

— Ah ! comme vous avez peur de vous revoir l’un et l’autre… Vous l’aimez donc autant qu’elle vous aime ?

Le chirurgien considéra Bessie avec surprise ; puis, il se contenta de répliquer froidement :

— Je ne comprends pas… Je suis engagé avec vous.