Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/43

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Un dialogue animé s’engagea entre eux. Warton s’écria brusquement :

— Mais c’est stupide, d’avoir fait cela !… Il fallait la conduire au train de Paris, et non pas ici.

Teddy insistait, tapant du pied, parlant avec volubilité. À la fin, il s’approcha de Laurence et lui dit joyeusement :

— C’est chose entendue. Il part avec vous.

Sans parole, sans pensée, anéantie, la jeune fille se laissait faire. Elle ne pouvait pas remercier. Elle ne songeait plus à s’étonner de la compassion spontanée qu’elle avait inspirée à Teddy Arnott. Il y avait maintenant près de sept heures qu’elle était à jeun, ivre d’angoisse et de grand air : la bête reprenait ses droits. Chancelante, inconsciente, presque, à demi-morte de faim, Laurence montait machinalement dans l’automobile de l’ambulance à côté du docteur Warton.

Durant quelques minutes, celui-ci resta silencieux, observant sa compagne ; puis, il interrogea doucement :

— Qu’est-ce qu’elle a, madame votre mère ?