Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/21

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ses yeux bleu sombre, noyés de langueur sous l’arc précis des sourcils noirs, son petit nez droit et fin, ses lèvres prometteuses, constituaient un « Sésame » devant la magie duquel s’ouvraient portes et cœurs. De plus, elle semblait arrivée à l’âge où les timidités rougissantes de l’adolescence seraient aussi déplacées que des tresses persistant à descendre sur les reins. Bergeron s’efforça de déterminer le millénisme de la visiteuse. Devait-on lui attribuer vingt-cinq ans ? Hum !… La trentaine ?… pas encore. Vingt-sept ans, peut-être.

Jeune femme ?… Aucune alliance n’enserrait son annulaire.

Vieille fille ?… Tout en elle protestait contre cette navrante étiquette : sa chair épanouie, son teint lumineux, son regard hardi, sans parler de ce buste plein et de ces hanches évasées…

Incertitude. L’âme de Buridan !

Le philosophe s’attardait à méditer cette agréable énigme. Son hésitation se traduisit malgré lui, lorsqu’il murmura, incertain :

— Madame…

Il se reprit maladroitement, rectifia :