— Vous aimez ; d’où votre embarras. Votre bonheur, dites-vous, dépend d’une solution difficile. J’en conclus que l’homme dont vous êtes éprise ignore un fait capital de votre existence et que la révélation de ce secret peut modifier ses intentions à votre égard…
Fanny s’écria naïvement, transportée d’admiration :
— Oh ! comme votre perspicacité a deviné juste sans que j’aie encore rien dit !
Avec un sourire ambigu, le philosophe regardait cette demoiselle au masque de femme. Il demanda :
— Il s’agit d’un mariage, n’est-ce pas ?
Fanny fit un signe d’assentiment et dit vivement :
— J’aime, pour la première fois de ma vie, un jeune homme assez amoureux pour m’épouser, mais amoureux de ce que je suis à ses yeux, vous comprenez ? Ce qu’il aime, c’est mon apparence ; il ignore la vraie Fanny. Dois-je le désabuser en lui avouant… la vérité ?
Elle eut un accent passionné :
— Continuera-t-il de m’aimer ? Voilà la question que je voulais vous poser, monsieur… Pour sauver mon bonheur, dois-je me taire ?