tait Thérèse, il y a trois ans, s’est détaché peu à peu de la jeune fille qu’elle est devenue… Ces temps derniers, prétextant un voyage, il a interrompu ses visites…
— Que reproche-t-il à Thérèse ?… Elle est accomplie.
— Oh ! Il ne lui reproche rien, mais je devine… Mon ami, ma fille est trop bien élevée, voilà ! Je m’aperçois que j’ai peut-être eu tort de former suivant de saines traditions cette enfant naturellement modeste et timide, chez qui ces qualités se sont développées jusqu’à l’exagération. Ah ! Thérèse ne ressemble guère aux jeunes filles de notre entourage !
— Tant mieux pour elle.
— Oui et non. Elle est vraiment trop empruntée ! Edvard, qui avait fait crédit à la fillette naïve, se lasse de la voir grandir sans qu’elle s’éveille et s’émancipe un peu. Bref, il s’ennuie auprès d’elle.
— Il est impardonnable !
— Pas du tout ! Ce grand garçon, timide lui-même, ne sait quelle contenance garder en face de cette fiancée rougissante aux yeux baissés, aux lèvres closes. Malgré sa très réelle