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imperceptible pour celui qui vit parmi eux. Leurs éclats de voix, leurs manières communes exacerbent ses nerfs.

Claude songe avec effroi : « Qu’ont-ils fait de moi, ces Lambert-Massin ! Ils m’ont communiqué leur répulsion et leur haine de la misère… Je ne saurais plus être pauvre. J’éprouve maintenant la nostalgie du luxe et du bien-être pour avoir passé une matinée hors de chez eux… Ah !… comme ils ont su me dépraver insensiblement ! »

Que tenter, désormais ?… De quelle façon leur échapper ? Une seconde, l’idée du suicide traverse son esprit. Mais Claude est une fille saine ; et tout son être plein de santé, avide de vivre, se hérisse d’horreur à la pensée de la mort.

Elle rentre dans cette maison abhorrée. Elle se maudit d’avoir un mouvement d’allégresse involontaire à se revoir au milieu de ce faste honni et délectable, et se mord la lèvre jusqu’au sang pour se punir de ses goûts de sybarite.

Au salon, Claude aperçoit Irène d’Albret qui déjeune aujourd’hui avec ses cousins.