Page:Marais - Le Huitieme Peche.pdf/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fants vieillir, car je serai mort avant que mes fils soient des hommes, et si je me prive de connaître ces hommes de mon sang, c’est afin qu’ils soient plus puissants. Crois-moi, Georges, songe à ta race, au lieu de chercher ton plaisir.

Georges ricane :

— Député, va !… Tes phrases ont besoin de la tribune pour retentir avec éclat… Elles sonnent creux, ici : l’acoustique est mauvaise…

Il poursuit sérieusement :

— Tes arguments sont facilement réfutables ; je suis assez riche pour deux ; mon revenu me permettrait de constituer dix mille francs de rente à quinze ménages : j’ai donc les moyens de m’offrir un seul ménage à moi. Mes héritiers ne souffriront guère de l’infériorité de situation de ma femme. Quant à ma race, puis-je mieux la servir qu’en m’unissant à une vierge belle qui me donnera de beaux enfants ? Les êtres conçus par l’amour portent le sceau de Vénus, c’est un vieux proverbe. Et je t’affirme que si j’ai une fille, elle préférera d’être moins riche que de contempler, sur ses traits, la lai-