Page:Marais - Le Huitieme Peche.pdf/302

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bien, absoudre le coupable et condamner l’innocent… Toi qui permettras aux mortels d’aimer le vice sans fausse honte, grâce au masque de ton mensonge… toi qui posséderas l’univers, reine sur les marches du trône et déesse dans le cœur humain… va-t’en pervertir le monde et tromper Jéhovah lui-même, ô ma fille bien-aimée !… ô huitième merveille !… ô huitième péché !… tu seras l’hypocrisie.

» Et, désormais sur la terre commença l’ère du mensonge.

» Satan avait découvert enfin le Vice suprême, la monstrueuse Idole qui étend sur l’humanité ses tentacules de pieuvre.

» Nul être n’échappe à son emprise : l’homme vicieux munie avec délice cette marionnette infernale qui l’aide à jouer la comédie, devant son auditoire de dupes.

» Quant à l’homme juste, l’apparence du bien finit par lui inspirer l’aversion du bien véritable ; il devient sceptique à force de douter ; misanthrope à force d’être sceptique ; et termine ses jours dans la solitude, préférant le sort d’Alceste à celui d’Orgon…