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et voit la petite Madeleine debout devant elle : l’enfant tient dans la main gauche une assiette remplie de pâtisseries et dans la main droite un éclair à la crème qu’elle s’efforce consciencieusement à introduire, entre les lèvres de Claude. Elle explique en souriant :

— Je les ai chipés sur la table que Julie a préparée pour le thé.

Claude refuse doucement, d’un mouvement du coude qui écarte la fillette. Madeleine insiste :

— Vous n’avez pas déjeuné, vous devez avoir faim… Il ne faut pas pleurer : votre papa n’est pas malheureux, il est au ciel ; et il aura de la peine s’il vous voit tomber malade.

Claude hoche la tête ; il ne l’a pas élevée dans ces idées-là le musicien Gérard, vrai Parisien artiste, mi-athée, mi-païen, qui croyait à l’immortalité du génie sinon à celle de l’âme ; il ignorait la prière ; mais, à la tête de son lit, il avait cloué sur le mur, — en guise de bénitier — une photographie de Camille Saint-Saëns ; et quelquefois, le soir, avant de se coucher, Victor Gérard murmurait en la regar-