Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/104

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— Pourquoi toutes ces tergiversations ?

— Par précaution. Ce que j’exigerai de vous sera terriblement difficile à accomplir. Je tiens à laisser votre désir s’exacerber encore un peu. Venez me voir, lorsque vous vous sentirez à point pour perpétrer quelque chose qui ressemble de très près à une mauvaise action…

— Oh ! S’il ne s’agit que d’une mauvaise action !

— Ne narguez point le diable avant d’avoir aperçu ses cornes… Pendant six semaines, je resterai chez moi tous les soirs, car j’ai un travail important à terminer : vous serez certain de me trouver au logis. À présent, réglez la demoiselle et arrêtez-moi un fiacre… Il est sept heures un quart.

— Cette bonne dame anglaise ne se doute guère des propos qu’auront entendus ce soir ses deux verres de Marsala !

Dans la rue, Fargeau, surexcité d’une joie angoissée, d’une appréhension mêlée de triomphe, voulut rire pour attirer la veine ; il plaisanta, goguenard :

— Mais, si l’entreprise est si périlleuse, je