Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/107

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d’homme abolie ?… Fargeau désirait passionnément Francine parce que le hasard en avait fait la première qui eût éveillé chez lui une sensation neuve… Nous nous abusons toujours, par fierté, sur la valeur de l’être qui nous a dérobé l’une des virginités de notre être. Et Maxime voulait voir dans Clarel la créature idéale qui eût été digne d’inspirer son premier amour. Il oubliait volontairement les travers de la jeune femme, pour apprécier la maîtrise dont elle avait donné la preuve en découvrant le dédain de son amant, en gardant si fermement le secret surpris… Elle possédait une énergie et une intelligence réelles : ce caractère de femme avait quelque chose de viril où il retrouvait un reflet de lui-même, et qui lui laissait pressentir l’adversaire future… Puis, Fargeau évoquait la figure séduisante de Francine, son regard mystérieux, sa pâleur ardente, ses lèvres mouvantes ; il appelait le souvenir de ses attitudes voluptueuses : elle avait une manière de s’étendre sur le grand divan, la taille molle, une hanche saillante et les pieds allongés, qui provoquait inconsciemment… Elle avait aussi