Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/124

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sa figure de ses coudes ramenés en avant : elle fut un petit tas d’étoffe écroulé aux pieds de Francine ; on ne distinguait d’elle que sa chevelure terne, au chignon maigre, et sa nuque creuse où saillissaient les vertèbres. Clarel remarqua :

— Lorsqu’une femme, séduisante ou non, doute de ses charmes, c’est qu’elle est très amoureuse.

Thérèse gémit, d’une voix étouffée :

— J’ai honte… Je suis grotesque… À mon âge, se griser de passion platonique, comme une pensionnaire… Songez donc : il est si beau et je suis si laide !… Je sens bien qu’il est indifférent, que je ne lui inspire aucune sympathie… Je n’existe pas, moi, aux yeux des hommes… Et lui, qui mérite les plus belles…

— Bah !… il ne vaut pas le quart de votre amour.

— Oh ! Francine, protestait Thérèse, scandalisée.

Elle reprit :

— D’abord… comment saviez-vous que c’est lui ?…