Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/123

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m’apportant l’amère revanche de n’être plus qu’un squelette pareil aux squelettes des beautés terrestres, une carcasse en tout point semblable à celle de Phryné !… Et la risée du destin m’a fait naître artiste, m’a donné des yeux de peintre, un regard épris des lignes pures, de l’harmonie des formes, des couleurs chantantes : je possède le sens de la poésie extérieure comme pour mieux me repaître de ma hideur ! Car, il y a des gens qui ne comprennent pas leur disgrâce : je connais une pauvre petite presque aussi laide que moi et qui se croit charmante ; elle a des coquetteries d’irrésistible… elle est heureuse. Si j’avais eu la chance de voir à sa manière… Oh ! le calvaire de la laideur consciente… Imaginez-vous cette torture, Francine !… Ça me déchire le cœur : j’ai beau tâcher à réagir…

Clarel la considérait avec pitié. Elle finit par questionner :

— Vous l’aimez donc à ce point-là ?

— Qui ?

— Eh !… Fargeau, parbleu !

Thérèse s’effondra comme une loque, cachant