Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/155

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l’auteur de vingt-cinq ans : l’aube est jalouse du matin.

Et madame Lorderie s’écriait :

— Mon mari estime qu’elle a des qualités… Il est en relations avec elle, seulement il n’a jamais voulu l’inviter : il prétend qu’elle refuserait parce que le monde l’ennuie… Alors, figurez-vous… J’ai une curiosité folle de la voir, cette femme qui se cache. Elle est donc laide ?

Dans un élan de solidarité masculine, Maxime riposta vivement :

— Lorderie a raison, madame. Je connais Francine Clarel, en effet… Elle n’a rien d’intéressant. D’ailleurs, il vaut mieux ignorer la personnalité d’un écrivain : le meilleur de lui-même, il le met dans ses livres… Et lorsque nous sommes en sa présence, il n’a plus que des restes à nous servir. À quoi bon s’inquiéter de la silhouette, quand on peut acheter l’âme pour trois francs cinquante !

Fargeau était horripilé par cette malencontreuse conversation. Il s’imaginait que toute l’assistance allait deviner son secret. Il adressa