Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Allons, messieurs, un peu de calme… C’est assourdissant, ce vacarme !

Sur quoi, les autres poussaient des cris d’animaux, que dominait soudain la sonnerie aiguë du téléphone. Par moments, un timbre retentissait ; aussitôt, l’un des jeunes gens se précipitait vers la porte de gauche et pénétrait dans la pièce voisine : le bureau du rédacteur en chef.

Tout en replaçant machinalement les volumes épars sur la table, Fargeau soupira, à l’idée de la besogne proche :

— Dire qu’il va falloir avaler tout ça !… C’est effrayant ce qu’on écrit de livres ! Qui diable peut acheter cette masse de papier ?… Ô lecteur intrépide, accueille l’hommage de ma reconnaissance d’homme de lettres !

Il développa quelques exemplaires :

— Et rien que des noms d’inconnus !… Avec quelle magnanimité les libraires encouragent la jeune littérature ! Vraiment, messieurs les éditeurs sont d’une indulgence et d’une générosité désolantes : ils acceptent beaucoup trop d’auteurs…