Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/187

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Surprenant un geste irrité de Clarel, le jeune homme ajouta vivement :

— Je dois reconnaître que j’obtiens, en quelque sorte, un demi-succès que ne mérite guère ma politique.

Francine se redressa, féline :

— Ah !… madame Lorderie s’humanise… Parlez donc, Fargeau !… Elle se laisse vaincre ?

— Pas positivement. C’est assez subtil… Dès ma seconde visite, l’esprit de Denise Lorderie fut en éveil. J’étais devant elle et je pensais à vous ; mes regards s’avivaient au souvenir de vos attitudes, mes mains tremblaient de désir… Alors, elle attribua très naturellement à ses charmes les signes de trouble que je ne pouvais réprimer. J’eus l’intuition de ce qu’elle éprouvait, en voyant son embarras et sa rougeur… Ensuite, son erreur s’affirma lorsque je me fus présenté rue de Médicis à plusieurs reprises, choisissant les heures où Lorderie se trouve au journal. Elle remarqua l’incorrection de mes visites prolongées malgré l’absence de son mari, et en tira la conviction que j’étais amoureux d’elle… Dieu sait que je n’y fus