Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/190

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vingt personnes. Mais, il y a dix ans que Lorderie lui parle de moi ainsi que d’un Lovelace. Mes aventures intéressent au plus haut point cette aimable linotte ; elle sait le nom de toutes mes maîtresses et m’en suppose d’imaginaires… Le récit de mes passades l’amuse autant que la dernière pièce des Variétés. Et voici que cet homme dissipé, ce Maxime Fargeau — qui lui apparaît comme un héros de Marcel Prévost — tombe soudain amoureux d’elle (du moins, elle se le figure). Du coup, flattée dans son orgueil de femme, Denise s’émerveille d’avoir un mystère à cacher à Jacques. Elle songe, en me regardant avec une certaine gratitude : « Moi aussi, je pourrais prendre un amant, si je voulais ! » Et quel amant : un homme qui a possédé un nombre incalculable de femmes. Mais cette pensée suffit à la satisfaire pleinement ; ses rancœurs d’épouse s’atténuent. Et Denise Lorderie reste une brave petite créature attachée à son mari, à sa gamine, à son foyer ; et l’adultère qu’elle croit embusqué à sa porte ne lui inspire que cette réflexion : « Somme toute, je suis une