Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maxime Fargeau et Jacques Lorderie s’étaient connus au collège. Maxime, très beau, — d’une vigoureuse beauté de jeune dieu hellène — se distinguait auprès de ses condisciples grâce à sa force, sa souplesse dans tous les exercices, et déconcertait ses professeurs par un esprit trop brillant, trop subtil, qui saisissait la leçon du premier coup, sans le mérite d’une difficulté, avec l’agilité même que déployaient ses bras pour atteindre la barre fixe, au gymnase : Maxime exécutait en se jouant cette double acrobatie des muscles et du cerveau.

Jacques Lorderie, de figure quelconque et d’intelligence moyenne, estimait prodigieusement la supériorité du camarade le mieux doué de la classe. D’ordinaire, ces admirations de jeunes deviennent de la jalousie d’adultes. À rebours des autres, l’affection de Lorderie — loin d’être gâtée par l’envie — s’était accrue avec les années : ce médiocre avait un cœur de caniche.

Les deux jeunes gens s’étaient lancés dans