Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/21

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la carrière littéraire : bien que confrères, ils étaient restés unis. Jacques Lorderie, servi par un talent de demi-teinte, terne, correct, effacé, — un de ces talents passe-partout qui ne rencontrent aucun obstacle parce qu’ils demeurent inaperçus, tels ces invités obscurs qui s’empiffrent dans un banquet sans qu’on songe à leur retirer les plats ; — Jacques, qui possédait quelques amis quoiqu’il n’eût pas de fortune, avait obtenu la critique de l’Écho à l’aide de relations.

Maxime Fargeau devait surmonter plus de difficultés. Ses charmes physiques, ses aventures tapageuses, sa réputation de don Juan inconstant et irrésistible, aux caprices fugaces, aux fantaisies impertinentes, lui avaient aliéné tous les hommes et quelques femmes, — ce qui obstruait son chemin d’embûches astucieuses.

À trente-cinq ans, Maxime piétinait toujours, opposant sa verve étincelante, ses qualités rares sa notoriété naissante aux attaques parties on ne savait d’où, qui lui disputaient le succès, pas à pas.