Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/233

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de l’état dans lequel elle voyait son mari ? Les premiers mots de Jacques lui furent une réponse ; s’apaisant peu à peu, Lorderie parvint à articuler :

— Denise… je te demande pardon. Ne fais pas attention… c’est une erreur… Tout à l’heure, n’est-ce pas, à ce dîner… une mauvaise langue a tenu des propos sur Fargeau, m’a insinué que tu te laissais conter fleurette par lui… Je n’ai rien cru, naturellement : je te sais incapable… Seulement, ça m’a rendu maussade ; la méchanceté des gens me dégoûte. Incommodé, énervé, je suis rentré plus tôt… Et de rencontrer Maxime justement ici, ce soir… Ça m’a produit un drôle d’effet… Je me suis imaginé ce que j’aurais souffert si ç’avait été vrai.

Denise fut partagée entre la fierté d’être restée pure et le remords d’avoir senti sa vertu chanceler une seconde : quoique l’épée ne fût point tombée, Damoclès savait bien qu’elle ne tenait qu’à un fil.

Et sous l’empire de ces deux sentiments, Denise s’indigna — mais d’un air contrit :