Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/238

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croire plus à plaindre que Fargeau. Il insista :

— Je ne doute pas de la droiture de ma femme… Mais, en revanche, ta conduite m’apparaît assez équivoque et je te prie de me découvrir la raison qui te porte à me fuir depuis quelque temps, alors que tu recherches le séjour de mon domicile dès que j’en suis absent ?… Dans quel but y étais-tu, ce soir ?

— Écoute… Jacques : je vais t’avouer tout, j’aime mieux ça.

Ils étaient arrivés devant l’Odéon. Ils se mirent à marcher le long des galeries ; ils tournaient autour du théâtre avec l’allure nonchalante de deux flâneurs, baissant le ton et modérant leurs gestes parce que des gens, qui sortaient pendant un entr’acte, les croisaient à chaque pas.

Après s’être recueilli, Maxime commença d’une voix sourde :

— Je suis de ceux qui croient au hasard. Le hasard est un barbet malin qui mène notre existence aveugle : selon que le chien tire sa corde à droite ou à gauche, la pauvre trottine sur une route unie ou trébuche contre toutes les pierres