Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/247

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n’était point de ces égoïstes affectueux qui cherchent uniquement dans leurs amitiés à satisfaire le besoin de se sentir aimés et d’aimer un peu, mais que la peine d’un ami d’élection laisse, au fond, indifférents. Au contraire, ses sensations de joie ou de géhenne étaient étroitement associées à celles du compagnon de prédilection.

Il pensa : « N’est-ce pas un peu ma faute, ce qui arrive aujourd’hui ? J’ai commis une grossièreté en traitant Francine à la manière d’une maîtresse de passage que l’on jette au bras du voisin, avec un sourire d’adieu… Elle l’a su. Elle veut se venger de moi, et elle y est déjà parvenue sans s’en douter, puisqu’elle a fait souffrir mon ami… Puis-je garder rancune à Fargeau de son inconsciente tentative d’adultère : on n’accuse point le somnambule qui manque de briser un objet précieux en accomplissant les gestes que lui suggère le sommeil hypnotique. Depuis deux mois, ce malheureux garçon manifeste la volonté d’un automate. Mais, moi… J’étais parfaitement lucide, le soir où me vint cette fantaisie insolente de lui céder