Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/246

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— Je l’ai perdue, maintenant. Elle est si mauvaise !

Lorderie fut pris d’une pitié involontaire pour ce voluptueux passionné qui souffrait visiblement.

Il crut l’apaiser en dépréciant Francine :

— Est-ce singulier, d’être féru de cette femme !… Elle n’est pas extraordinaire, au fond… Son bagout, toutes les filles de Paris le possèdent dès qu’elles apprennent à parler : l’esprit n’est-il point la menue monnaie de la race française ?… Tu la trouves jolie ? Le visage est expressif et les mains sont fines… Mais elle a déjà les yeux et les traits fatigués par le travail prolongé. Et puis… si les hanches sont belles, néanmoins, elle a les seins trop petits…

— Tais-toi !

Fargeau lui lançait un regard farouche et se mordait les lèvres, d’un mouvement crispé.

Lorderie devina qu’il ne lui pardonnait pas d’avoir été l’amant de Francine Clarel. Il en éprouva un sentiment bizarre : il était attristé d’une confuse honte à l’idée qu’une de ses actions était cause du mal de Fargeau. Jacques