Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/263

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ne m’avez pas aperçue, tant vous étiez absorbé… Oui : quai Voltaire… Chez un marchand de couleurs… Vous choisissiez avec une attention extrême des tubes de carmin et de blanc de céruse. Et vous aussi, vous êtes donc peintre ?

Maxime maudit Thérèse, se figurant que Clarel allait soupçonner la vérité. Il bredouilla :

— C’est… c’est pour une petite fille — Ma nièce… Elle adore la peinture et sera probablement votre émule. Je lui avais promis une boîte de couleurs à l’occasion de son anniversaire.

— Quel âge a-t-elle ?

— Dix ans.

— Amenez-la moi, Fargeau. Je lui donnerai volontiers des conseils à votre petite nièce, si elle est douée. C’est si beau d’aider un jeune talent à se développer : il semble qu’on élève une plante ; c’est d’abord une petite herbe qui sort de terre et qui oscille maladroitement sans parvenir à se tenir droite ; ensuite, elle grandit, s’affermit, forme une tige où se dessinent