Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/297

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cune rancune, estimant les faits de sang-froid : car Francine s’est grossièrement trompée, monsieur Fargeau… Je ne sais où elle a été puiser une histoire aussi ridicule !… Moi, amoureuse… quelle idée grotesque ! Les romanciers ont une imagination : ils voient la passion partout — tels ces médecins monomanes qui diagnostiquent une maladie chez chaque individu… C’est le métier qui leur tourne la tête. Si ces bêtises étaient fondées, serais-je ici, bien tranquille, causant avec vous sans baisser les yeux ? Cette pauvre Clarel est toquée… D’ailleurs…

Thérèse hésita, avant de reprendre d’une voix chevrotante :

— D’ailleurs, afin de détruire le moindre soupçon, je veux vous donner une preuve de mon indifférence. Voici : d’après ce que j’ai deviné, elle a dû vous faire souffrir, hein, mon cher Fargeau, pour avoir l’audace de vous imposer son caprice, sa perversité, jusqu’aux pires inventions ! Vous la désirez donc follement, cette terrible maîtresse ?… Écoutez… Je lui ai écrit, ce matin : dans ma lettre, je lui apprends mon départ ; je lui dis que vous êtes