Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/296

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la confusion qui l’empourprait jusqu’aux cheveux, l’empêchaient de trouver un mot, une excuse, une explication. Il s’excita : « Voyons, il faut pourtant que je dise quelque chose ! » Au geste qu’il ébaucha, Thérèse s’écria vivement :

— Non !… je vous en prie : laissez-moi continuer, sans m’interrompre… C’est si difficile… Je ne sais comment m’exprimer… J’ai beaucoup réfléchi, depuis hier. D’abord, sur le moment même, je m’étais laissée emporter par une violente colère contre Francine. Et puis, ensuite, tout doucement… il m’a semblé que je comprenais cet étrange caractère de femme… Clarel est une illusionnée, une utopiste qui s’imaginerait faire de belles choses si elle pouvait mettre ses théories en pratique — sans se douter des horreurs qu’elle rêve… Tenez : Clarel est à l’amour ce que Tolstoï fut à la Russie… Elle vaut mieux qu’on ne pense, allez ! parce que je crois qu’elle est un petit peu folle… Elle s’est figuré qu’elle me rendrait heureuse… Je ne lui en veux plus. Je lui ai pardonné son indélicatesse. Je n’éprouve au-