Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pière ; et cette voix tremblée qu’elle prenait pour affirmer son indifférence !

Maxime, ému, s’émerveillait de cette faculté de plaire que lui avait octroyée le destin : ainsi, Thérèse et Jacques s’étaient rencontrés sans le savoir dans une même inspiration de dévouement ; ils s’humiliaient et se calomniaient pour lui — qui éprouvait de l’antipathie envers Thérèse et une affection très calme à l’égard de Jacques. Fargeau s’attrista : ne méritait-il point que la femme qu’il aimait se montrât rebelle et scélérate, lui qui venait d’accueillir avec égoïsme les deux sentiments les plus rares au monde : un grand amour et une grande amitié ?

Thérèse se levait, se dirigeait vers l’entrée. Maxime considérait d’un regard apitoyé la petite créature attendrissante. Et soudain, cédant à son impulsion, il l’attira à lui, prit entre ses mains la douce vilaine figure ; et il exprima silencieusement son regret, son admiration, sa compassion, sa gratitude, dans un long baiser fraternel…

Au moment du déjeuner, lorsqu’il entra dans