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XIX


30 mars. Depuis trois jours, le roman de Clarel était exposé aux étalages.

Vers cinq heures du soir, Francine flânait sur la place du Théâtre-Français. Elle se plaisait, pendant cette période d’attente anxieuse qui suit le lancement d’un livre, à rôder à l’entour des grandes librairies pour raffermir ses espérances et dissiper cette impression de vide et de découragement qui l’attristait à chaque mise en vente. Dès l’instant où le public prend possession de son œuvre, l’auteur a le sentiment d’en être dépouillé : tant qu’il y travaillait, c’était son bien, sa chose, sa pro-