Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/33

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tombe amoureux — subitement — d’une femme qu’il avoue n’avoir jamais vue !

Maxime haussa les épaules :

— Je ne m’occupe guère de la femme, pour l’instant… Seulement, j’ai lu les romans de Clarel et je lui trouve un esprit bizarre, une mentalité très particulière — qui m’intrigue un peu, c’est vrai. J’aime cette étrangeté… Son caractère — d’après tes confidences — me paraît dangereusement attirant… Des êtres de cette force, on doit les conquérir par sa force : les tenir, les mater, les posséder — cœur et sens, chair et cerveau… Une amante capable de penser ! Mais, c’est l’Antée qui nous terrasse dès que nous desserrons l’étreinte de nos bras… En effet, je conçois qu’une telle liaison pèse un peu lourd quand vos épaules sont légères.

— Tu as raison, repartit Jacques, d’un air détaché : Francine est trop compliquée pour moi… Et je te la céderais volontiers, contre ta maîtresse… Après tout, nous avons bien échangé nos correspondances respectives : pourquoi n’échangerions nous point celles qui