Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/44

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d’accepter le concours même du rival complaisant ! Humiliant… et trop facile : aux yeux des maraudeurs raffinés, les fruits des basses branches n’ont aucune saveur.

Thérèse s’était tue, recommençant dépeindre. Et Maxime songeait, avec cette promptitude, cette mobilité nerveuse que donne à la pensée l’attitude immuable de la pose : « Clarel va venir aujourd’hui… Il faut qu’elle vienne… Elle viendra. Parce que la vie n’est qu’un enchaînement de coïncidences inaccessibles au vulgaire… Et le destin qui nous a mis en présence, cinq minutes après la gageure de Lorderie, doit fatalement nous rapprocher de nouveau afin d’obéir à l’inéluctable loi attractive. »

Il s’agissait donc de traîner la séance en longueur. Généralement, Fargeau, qui s’ennuyait chez Thérèse, prenait congé de l’artiste dès qu’elle s’arrêtait de travailler au portrait. Cet après-midi, lorsqu’elle nettoya ses brosses en gémissant : « Le jour baisse déjà, et il n’est pas quatre heures… Oh ! ce ciel de décembre ! » Maxime, au lieu de répliquer suivant sa cou-