Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/81

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de sa femme, exécutait son projet d’aller voir Clarel. Depuis l’après-midi, il ruminait les moindres détails de son entrevue avec Fargeau, l’étrange attitude de celui-ci et sa distraction maussade.

Soupçonneux, Jacques retournait rue de Courcelles, — mû par le désir de combattre l’influence féminine qui menaçait l’avenir de leur amitié, autant que par cette émulation qui naît de toute rivalité amoureuse. Francine lui ouvrit elle-même — la bonne étant sortie — et le laissa sur le seuil. Un dialogue bref s’engagea :

— C’est toi ?… Inutile d’entrer. Je ne te reçois pas. Je ne te recevrai plus.

— Voyons, Francine… Tu es vexée que je sois resté quinze jours sans venir… sans t’écrire ?

— Non… J’ai assez de toi… Voilà tout.

— Tu es folle !… Qu’est-ce qui te prend ?… Explique-toi. On ne lâche pas les gens avec une telle désinvolture !

— N’insiste pas : tu me connais… Je n’ai guère l’habitude de perdre mes paroles. Je ne